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La Fête de Gargantua

Le festin commencé, ils se coucheraient avec les poules du lendemain. Gargantua, à qui le repas était dédié, mangea comme quatre, engloutissant les lapins par brochettes de cinquante-neuf, décapitant plus de deux cent cinquante cochons et tirant sur une paille de la taille d’un lampadaire pour aller boire les tripes, comme l’on fait d’habitude avec la soupe. Il buvait des hectolitres de vin, à en rouler sous la table, rotait comme il n’est pas permis, prenait des perdrix et s’amusait à leur tourner la tête jusqu’à ce qu’elles se détachent, mettait des gélinottes dans les poches des servantes, montait des tonneaux à sa bouche, pétait à en faire peur au Diable. Gouttant un veau de la pointe des molaires, son père Grandgousier, à qui les bras en tombaient, commençait à s’échauffer. Lorsque Gargantua fut ivre mort, qu’il se mit en devoir de lancer un bœuf sur la lune (qui lui retomba sur la tête) il put voir trente-six chandelles et se mit en colère : il eu beau aboyer sur son fils, rien ne bougea. Autant prêcher dans le désert ! Gargantua, provoqua son père :   « J’ai d’autres chats à fouetter que tes remontrances, ou alors, parles plus fort, car j’ai une banane dans l’oreille, en plus d’être sourd comme un pot ! » Il mena justement le pot à la bouche. Tout content de sa blague, il gloussa tel un dindon. En furie, Grandgousier se retourna vers Ponocrates :

« Est-ce ainsi que tu éduques mon fils ? Je t’aurai confié ma vie, j’étais aveugle ! Gargantua est comme un éléphant dans un magasin de porcelaines, il a mis les pieds dans le plat. Je ne tournerai pas autour du pot à m’en mettre un chat dans la gorge : déjà que ce repas me coûte les yeux de la tête, il faudra tout nettoyer, et tu mettras la main à la pâte ! Que je ne te prenne pas la main dans le sac à dormir : tu retrousseras tes manches ! Si tu ne le fais pas, tu auras tué la poule aux œufs d’or ! »

 

Ponocrates, mené par le bout du nez, avait les talons dans l’estomac, mais ne voulut pas être mit en boite, car il attrapait des araignées au plafond, à force de marcher sur des œufs :   « Vous écrasez les mouches avec un marteau ! J’ai lâché la bride à Gargantua parce que vous jetez l’argent par les fenêtres. Vous roulez sur l’or, vous êtes riche comme Crésus ! »

Grandgousier prit la mouche : « Rien ne sert de te passer la pommade ! Je ne veux plus te voir ici, insolent !  » Ponocrates prit ses jambes à son cou et pensa : je me suis jeté dans la gueule du loup, j’ai vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué, j’aurai dû apprendre à mon pupille, la conduite à tenir lors d’une fête, au lieu des mathématiques ! J’ai brûlé les étapes en mettant la charrue avant les bœufs… 
Là dessus, il se mit à tomber des cordes.

Dorian Clair | Classe de 5° | 2002

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